Voilà presque deux mois que j’ai quitté mon petit confort, et le changement fut plutôt brutal. Une question occupe mes pensées quotidiennement : est-ce que j’arriverais à garder mes convictions en voyageant ? Pas toujours facile de suivre ses principes quand on doit constamment s’adapter.
Peut-on rester vegan en voyageant ?
C’était l’une de mes plus grandes peurs : ne pas pouvoir continuer à suivre mon régime alimentaire. Depuis le début d’année j’ai arrêté de consommer tous produits issus de l’exploitation animale. Il est impossible pour moi dorénavant de manger quelconque animal. De temps en temps j’ai un peu de mal à gérer les produits animaliers undercover comme le lait et le beurre dans les gâteaux. Surtout lors des invitations à dîner, les propositions de gâteaux d’anniversaire … pas toujours facile !
Comment cela allait-il se passer en voyage ? C’est l’une des raisons qui m’a poussé à choisir l’Asie comme premier long voyage ! Une grande partie de la population asiatique est végétarienne. Au Sri Lanka je m’en suis pas trop mal sortie, à part pour la glace. Quand il fait 40 degrés c’est difficile de résister à la tentation ! Quant à l’Inde, le ghee (du beurre clarifié) est utilisé pour à peu près tout … autrement dit c’était un peu foutu d’avance.
on n’oublie pas nos principes, mais des fois on ne peut juste pas faire autrement.
J’ai rencontré quelques voyageurs qui étaient végétaliens avant leur départ à l’étranger. Et nous sommes tous tombés d’accord : on n’oublie pas nos principes, mais des fois on ne peut juste pas faire autrement. Alors tous les jours on essaye de manger végétalien, on fait de notre mieux et c’est déjà ça.
Et l’exploitation animale dans tout ça ?
Ce qui m’amène à mon deuxième point : le respect des animaux. En Asie, nombreux sont les endroits qui s’auto-proclament « refuges » pour animaux. Malheureusement bien souvent il s’agit juste de pièges à touristes où les animaux sont maltraités, enchaînés, battus, …. Pire encore, les propositions d’excursions à dos d’éléphants, les photos avec des tigres complètement drogués, et j’en passe.
60 jeeps TOUS LES JOURS de l’année, jouant à « qui s’approchera le plus près des éléphants »
Au Sri Lanka je me suis rendue dans une réserve d’éléphants. J’étais très partagée car l’excursion se faisait en jeep. Une jeep ça va me diras-tu. Mais 60 jeeps TOUS LES JOURS de l’année, jouant à « qui s’approchera le plus près des éléphants », ça fait tout de suite moins rêver.
Alors non je ne ferai plus ce genre d’excursion. Si un jour un tigre ou un rhinocéros doit croiser mon chemin, qu’il en soit ainsi. Mais je ne payerai plus pour perturber la vie de ses animaux.
Hier j’ai eu la chance d’assister au sauvetage d’un serpent pris au piège dans un filet sur notre propriété (je suis actuellement en volontariat dans la région de Goa en Inde). Par la même occasion j’ai appris à tenir un serpent et à le manipuler dans le but de le relaxer. Un massage pour serpent quoi ! C’était un moment magique, qui a totalement bouleversé ma façon de voir cet animal.
la production de déchets quand on voyage
Beaucoup diront que ce n’est pas très écologique de faire le tour du monde … « as -tu pensé à ton empreinte carbone avec tous ces transports ? » Oui j’y ai pensé et en tant que végétalienne je fais déjà beaucoup pour la planète. Mais ce n’est pas tout ! Avant de partir en voyage j’étais dans une dynamique « zéro déchet ». Je fabriquais moi-même mes produits d’entretien et la plupart de mes produits de beauté, j’achetais le plus possible en vrac et je recyclais. Une fois arrivée en Asie je me suis rendue compte que ça allait être difficile pour moi de poursuivre.
Premièrement parce que ce fut un choc culturel ! Tout était différent, l’envie de tester tous ces nouveaux aliments malheureusement emballés dans beaucoup trop de plastique, la barrière de la langue parfois aussi, l’anti-moustiques indispensable, et mon shampoing sec qui a littéralement fondu, dieu seul sait pourquoi et qu’il a bien fallut remplacer par un produit qui ne fond pas.
Alors j’ai décidé de faire comme pour le véganisme : chaque jour de mon mieux. J’essaye d’acheter des fruits plutôt que des gâteaux de supermarché, j’emporte mon filet avec moi quand je vais faire mes courses mais des fois si quelque chose me fait vraiment envie, même si c’est emballé dans du plastique, je fais une exception.
Les locaux ont pour habitude de jeter leurs papiers par la fenêtre. Littéralement.
En parcourant les rues de l’Inde je me suis rendue compte à quel point nous avions un souci avec le plastique. Il y en a tout simplement partout ! Les locaux ont pour habitude de jeter leurs papiers par la fenêtre. Littéralement. Le tri, le recyclage, la sensibilisation des locaux, tout ça se met en place petit à petit. Mais la route est encore longue ….
Continuer à avoir une activité sportive en voyageant, c’est possible ?
J’ai eu du mal au départ. La chaleur, l’humidité, l’envie constante d’explorer les environs, la rencontre avec de nouvelles personnes tous les jours, le manque de place, … tout cela m’a empêché les 6 premières semaines de faire quoi que ce soit. Pas de yoga, pas de méditation, pas de fitness, RIEN.
Même si parfois ça veut dire me lever deux heures plus tôt pour faire ma séance de yoga.
Et après je me suis habituée. J’ai commencé à organiser mes journées pour réussir à tout gérer. Même si parfois ça veut dire me lever deux heures plus tôt pour faire ma séance de yoga ou louper la discussion de groupe pour faire ma séance de HIIT seule.
Et bien sûr il y a la marche ! Forcément quand on arrive dans un nouvel endroit on a envie de découvrir les environs. Alors je marche le plus possible, ça compense le manque d’exercice. Depuis j’ai aussi investi dans un tapis de yoga. Fini l’excuse du sol sale ! Merci Decathlon et la livraison à domicile. J’avais oublié qu’on était au XXI ès et que tout était possible.
Peut-on rester soi-même en voyageant ?
Le dernier point qui m’effrayait était de me perdre moi-même. Ne pas être capable de faire confiance aux étrangers, d’être constamment sur la défensive. Parce que oui, voyager seule, ça fait peur parfois. Et tant mieux ! C’est ce qui me permet de réfléchir à une situation, savoir si oui ou non je devrais faire confiance à telle personne.
Il faut savoir qu’en Inde et dans d’autres pays d’Asie il y a « le prix local »et « le prix touriste ». Et quelques fois cette différence m’écœure au plus haut point. Alors je râle (comme la française que je suis), j’explique à mon interlocuteur que non ça ne se fait pas, que ce n’est pas juste.
Pour l’instant je n’ai eu qu’une seule vraie mauvaise expérience.
Celle qui m’a fait descendre du tuktuk avec tous mes sacs car j’étais fatiguée de me battre pour le prix.
Fatiguée d’expliquer ce que je voulais et de ne pas être comprise.
Exaspérée de ne pas comprendre ce que le chauffeur me disait.
Excédée de me retrouver piégée à devoir payer pour l’essence.
Et finalement passer presque une heure assise dans la rue à pleurer, me demandant si je ne ferai pas mieux de prendre un billet et de rentrer en France.
il est primordial de rencontrer des locaux, de créer des liens, de se renseigner sur comment fonctionne les choses dans le pays en question, de connaître les prix
Il y a quand même une technique qu’il va falloir que je mette en pratique. Premièrement il est primordial de rencontrer des locaux, de créer des liens, de se renseigner sur comment fonctionne les choses dans le pays en question, de connaître les prix des fruits, des vêtements, … histoire de ne plus se faire avoir. Et deuxièmement, tout simplement donner la monnaie qui vous semble correspondre au prix local, même si le vendeur essaye de vous vendre son produit trois fois plus cher. Et s’en aller.
Alors est-il finalement possible de garder ses convictions en voyageant ?
Pour ma part elles sont mises à rude épreuve tous les jours. Mais tous les jours j’apprends, je deviens de plus en plus indépendante, je réfléchis plus à chaque décision que je dois prendre. Et surtout je relativise. Car je fais de mon mieux, et c’est déjà le principal.
Et je n’oublie pas de m’amuser !